Souvenirs
Le minitel vit ses derniers mois mais compte encore des utilisateurs fidèles
Ça s’affiche sur un écran plat et ça se manie avec une souris, mais c’est bien un minitel. Et celui-ci rend encore bien des services dans cette pharmacie de Mulhouse, où il permet de vérifier les droits des assurés. Photos Thierry Gachon

Ça s’affiche sur un écran plat et ça se manie avec une souris, mais c’est bien un minitel. Et celui-ci rend encore bien des services dans cette pharmacie de Mulhouse, où il permet de vérifier les droits des assurés. Photos Thierry Gachon
Il y a plus de vingt ans, c’était une fierté française. On le croyait mort, balayé par la révolution internet. Le minitel survit : on a trouvé des utilisateurs réguliers en Alsace. Mais la fin est proche : cette année pourrait être la dernière.
C’est drôle comme la nostalgie peut se nicher n’importe où… À l’époque des tablettes tactiles, on se trouve subitement attendri en voyant apparaître sur un écran noir les pixels surdimensionnés d’un service minitel. Cet internet préhistorique fonctionne encore : on l’a retrouvé. On a même rencontré des personnes qui s’y connectent régulièrement.
Il existe des irréductibles, certes plutôt âgés, qui le consultent toujours au salon parce que c’est simple, solide, efficace et qu’il n’y a pas aucun risque d’attraper un virus avec ça. Et des professionnels qui, tout en surfant par ailleurs sur Facebook, pianotent sur ce vieux machin pour des services bien précis. « Si le minitel résiste au-delà de ce que l’on imagine, c’est parce qu’il propose aussi des services professionnels pointus », souligne Guy Cronimus, responsable marketing kiosques de France Télécom.
Sur l’autoroute… et dans une pharmacie
Un terminal minitel se cache par exemple dans les bureaux de l’Autogrill de l’aire de la Porte d’Alsace, sur l’A36. « On l’utilise deux ou trois fois par semaine pour la gestion des journaux et magazines, explique Olivier Decatour, qui travaille dans cette cafétéria. On se connecte sur un code 3614 pour le renvoi des journaux périmés. Il paraît que ce service est en train d’être basculé sur internet. Mais on a toujours fait comme ça, et puisque ça marche plutôt bien… »
Le minitel est également présent dans les coulisses de la pharmacie centrale, avenue de Colmar, à Mulhouse. Cette fois, il ne s’agit pas du boîtier, mais de son émulation sur ordinateur : on clique sur une icône et un minitel virtuel apparaît sur l’écran plat, avec les mêmes fonctions, les mêmes défauts et qualités qu’un vrai. « J’ai une connexion haut débit et il me faut un modem exprès pour cette application ! », fait remarquer le pharmacien, Bertrand Lego. Au moment de se connecter resurgit des mémoires un bruit oublié, mélange de bips et de grésillement…
Pourquoi entretenir un tel archaïsme ici et aujourd’hui ? « Parce que les informations que donne le minitel sont plus précises que celles fournies par ameli.fr, le site de l’Assurance maladie ! », répond Christine, pharmacienne qui possède encore la technique pour manœuvrer ce dinosaure télématique.
« Les infos sont plus précises »
Le 3614 utilisé ici permet aux professionnels de santé de savoir si un assuré a ses droits ouverts. La pharmacie y a recours pour se prévenir des non-paiements lorsqu’un client se présente au guichet sans carte Vitale, ce qui n’est pas rare dans ce quartier mulhousien. « Grâce au minitel, on vérifie l’exactitude des papiers qui nous sont présentés. »
« Un gros tiers des services sont destinés aux professionnels », précise Guy Cronimus. Côté particuliers, le minitel est encore utilisé, outre l’annuaire, pour des services tels que les données bancaires, le PMU, la météo, l’Argus auto… Inutile en revanche de ressortir l’engin du grenier pour succomber à la nostalgie du minitel rose : il y a longtemps que ce type de services a migré vers des médias plus réactifs. Comme le remarque le responsable de France Télécom, « les opérateurs de charme repèrent vite les possibilités sur les nouveaux marchés »…